Comme je l'indiquai dans mon précédent post, j'ai réussi à trouver
Celui qui s'est échappé. Il m'a fallu pour cela le commander, car il n'était pas trouvable en rayon dans les librairies où je suis allé.
L'ayant commencé avant-hier, je l'ai fini aujourd'hui, autant dire que je l'ai dévoré, je regrette même un peu de l'avoir fini aussi vite
Comme je le disais plus haut, il s'agit d'un récit autobiographique de
Chris RYAN. Ceci est important dans le sens où le récit est raconté à la première personne, et où tous les événements sont
réellement survenus, sauf à douter des propos de l'auteur bien sûr.
Résumé de l'éditeur :
Citation :Guerre du Golfe, janvier 1991.
A la veille des hostilités, huit membres d'un commando britannique du S.A.S. - l'une des meilleures forces spéciales au monde - sont infiltrés en profondeur derrière les lignes irakiennes.
Nom de code de la mission : Bravo Two Zero.
Objectif: détruire les batteries de missiles Scud et saboter les réseaux de communication ennemis.
Repérés par les forces irakiennes, coupés de leur base arrière et isolés dans une région qui connaît les pires températures depuis plus de cinquante ans, les huit hommes doivent se replier vers la Syrie.
Trois d'entre eux trouveront la mort, quatre autres seront faits prisonniers. Un seul réussira à rejoindre la Syrie: Chris RYAN.
Celui qui s'est échappé.
(petite erreur du résumé: l'opération portait le nom de code "
Turbo",
Bravo Two Zero étant le nom de la patrouille)
Ainsi parmi les forces britanniques envoyées au Koweit en 1991 se trouvent des unites du
Régiment. Le commandant en chef des forces brits, le
général de la BILIERE, parvient à convaincre le
général SCHWARZKOPF, commandant en chef des forces de la Coalition, d'utiliser les S.A.S. à des fins de renseignements et de sabotage.
Sur les quatre escadrons déployés (de A à D),
Chris RYAN appartient au B, normalement de réserve. Il est finalement décidé de l'envoyer derrière les lignes ennemies, divisé en 3 patrouilles de 8 hommes :
Bravo One Zero,
Bravo Two Zero et
Bravo Three Zero.
Ryan sera de la seconde patrouille, B20.
L'auteur décrit les préparatifs de la mission, et détecte déjà des erreurs qui influeront fortement sur le résultat de celle-ci: mauvais entraînement, manque d'armement, de munitions, de matériel, et surtout, de connaissances sur les conditions géographies et climatiques.
A titre d'exemple, la patrouille B20 disposait de cartes des années 1920, réactualisées pendant la Seconde Guerre Mondiale
De même, alors qu'ils s'attendent au stéréotype du désert chaud et sableux, ils rencontreront neige et sol caillouteux
Il met de plus en lumière la responsabilité de certains membres de la patrouille, et reconnaît plusieurs erreurs de sa part.
L'avant-propos, mis à jour depuis la première parution du livre en 1995, m'a paru particulièrement intéressant et assez honnête.
L'échec cuisant de cette mission (le S.A.S. est généralement fort discret mais ses succès sont retentissants et bénéficie d'une certaine aura) est la somme d'erreurs et de fautes accumulées à tout niveau: officiers, sous-officiers, membres de la patrouille elle-même. Elle conduira à mort d'hommes et à bien des traumatismes, notamment pour l'auteur (souffrant à son retour du fameux "syndrome post-traumatique" des soldats).
Le second aspect du livre est celui de la survie, d'abord de ce qui reste de la patrouille, avec les cruelles séparations qui se succèdent.
Cela m'a énormément fait penser à divers récits d'alpinisme, et d'histoires de cordée qui se décomposent, au fur et à mesure que leurs membres se perdent, meurent, s'entre-tuent, dans des conditions climatiques et géographiques terribles. L'auteur est d'ailleurs un alpiniste confirmé, et cela a sans nul doute fortement penché en sa faveur pendant tout son périple.
(pour les cinéphiles, je recommande la vision de La voie Jackson, téléfilm fr des années 1980 avec notamment Guy MARCHAND et Samy FREY).
J'ai trouvé que cette partie, pourtant particulièrement horrible avec la perte de ses camarades, était relativement vite décrite par l'auteur. Peut être par pudeur, peut être aussi parce qu'étant en état de choc, et pensant à son salut, il était suffisament en état de choc pour en souffrir de façon moindre.
La toute fin du livre ne m'a pas non plus paru exceptionnelle, avec des répétitions par rapport à l'avant-propos et le corps de l'ouvrage.
Néanmoins, j'ai trouvé particulièrement réussi le "retour à la vie", où personne n'est en mesure de comprendre ce que vient de traverser
Chris RYAN, ni dans quel état psychologique et physique il se trouve.
C'est toujours le cas du retour à la vie de "survivants". Comment faire réaliser à ceux restés à l'arrière, au chaud, et ayant vécu une vie "normale" et routinière, toute la difficulté, les épreuves et l'angoisse que l'on vient de subir
Sans compter le soupçon, la jalousie, la culpabilité qui accompagnent fréquemment ces retours.
Un peu comme une phrase qui m'avait beaucoup marqué, racontée par un survivant du camp d'
AUSCHWITZ, qui, retournant voir son meilleur ami (non juif) quelques mois seulement après sa libération, s'entend dire par la mère de son ami:
"- Ca ne devait pas être si terrible que cela puisque que tu es revenu !"
Mais quelle saloperie de vie, survivre pour s'entendre dire un truc pareil! Une simple phrase qui a dû le transpercer plus que ne l'avait fait sa vie au camp. Pour la petite histoire, il me semble que cette personne n'a plus jamais revu son ami après cela.
Ryan devra lui affronter les questions, les doutes voire les reproches, des familles de ses camarades décédés, et la frustration des capturés, libérés après la victoire de la Coalition.
Pour conclure, je dirai que cet ouvrage m'a assez captivé, mais que je le trouve moins bien écrit que
Nom de code : Veilleur, ce qui me semble compréhensible puisqu'il s'agit d'un premier livre.
Je le recommande néanmoins à tous les amateurs d'histoires humaines fortes, et aux passionnés de survie.
P.S. ce livre est disponible aux éditions Movie Planet au prix de 19.50€.